Il est pour moi évident que ma maladresse ne m’a pas aidée à réaliser mes rêves. Enfant, j’étais la plus gaffeuse de mon quartier, de mon école, peut-être même de la ville entière -et pourtant Londres est vaste…
Subissant tantôt les moqueries amicales de mes voisins, tantôt celles, plus détestables, de mes camarades de classe, je dus me forger une carapace pour parvenir à garder la tête haute.
Toutefois, je décidai que ce n’étaient pas les autres qui auraient à contrôler mon humeur par des bassesses de ce genre, aussi réalisai-je mon rêve en partant à Hawaï, le petit paradis aux histoires heureuses.. Là, je décrochai un travail de guide touristique, et il faut croire que les joies vont par deux car une semaine plus tard je faisais la connaissance de Charlie, un professeur de plongée auquel j’amenai mes clients une à deux fois par jour.
Je n’avais auparavant jamais eu de petit ami, car mon attitude studieuse déplaisait la plupart du temps aux garçons, amateurs de blagues graveleuses ou salaces. Mon manque d’expérience m’obligea à me configurer une attitude sèche et austère, car si Charlie m’était sympathique, je redoutais que nous ne sortions ensemble pour de bon.

Et pour cause! Chaque jour s’accompagnait de sa sempiternelle proposition: « Mademoiselle Leigh, voulez-vous dîner avec moi ce soir ? » et chaque jour, je répondais: « Non monsieur Wilson, un autre jour peut-être. » Pourtant, pour une cause qui m’est inconnue, je finis par accepter. Rapidement, nous nous vîmes tous les soirs, et son attitude amicale n’avait rien de celle, perverse ou intéressée, que je m’étais imaginée. Charlie se révéla être un excellent ami, et je ne fus pas étonnée de ressentir pour lui quelque-chose de plus fort.
Après qu’il m’ait embrassé sur la plage, nous ne nous quittâmes plus.
Oui, il y a décidément de très belles histoires à Hawaï.