Je me tournai et me retournai dans mon lit, essayant de trouver le sommeil... en vain. Je n'arrivais pas à dormir depuis que j'étais arrivé dans cet établissement, j'avais peur de quelque chose, mais sans pouvoir pourtant expliquer ce que c'était. Sans doute le fait d'être loin de chez moi, dans un endroit totalement inconnu...

Je me redressai et m'assis au milieu du matelas, soufflant sur ma frange. Les battements de mon coeur cognaient à tout rompre et j'avais un peu de mal à respirer. L'air dans la pièce était suffocant, je me sentais vraiment pas bien du tout, je commençais à voir des étoiles autour de moi, mais ce n'était pas celles du ciel.

Doucement, je posai un pied à terre et le second suivit immédiatement. Je me levai et fis plusieurs pas dans la chambre, mais ça n'allait toujours pas mieux. J'avais mal au ventre, la douleur me lançait et tambourinait dans ma tête, j'avais l'impression de ne plus sentir aucun de mes membres ; est-ce que mes jambes me portaient toujours ?

J'avançai difficilement vers la porte, l'ouvris en prenant garde qu'elle ne grince pas et je sortis dans les couloirs, m'agrippant aux murs pour ne pas chuter. Si je tombais, j'étais certain de me casser quelque chose, car tout mon poids s'affaisserait totalement et je me trouvais dans l'incapacité la plus totale pour retenir quoi que ce soit.

Le bruit de mes pas nus sur le sol ne s'entendait presque pas et j'en fus assez soulagé, car je me dis que j'alerterais aucune personne ainsi. Je devais trouver les toilettes pour me rafraîchir un peu le visage et peut-être vomir ce que j'avais mangé au dîner ce soir-là... Est-ce que c'était cela que je n'avais pas bien digéré ? Possible, mais j'en doutais un peu en fait.

Ma longue et pénible marche me conduisit vers les escaliers et en les voyant je ne pus m'empêcher de déglutir difficilement. Des larmes me montaient légèrement aux yeux, brouillant progressivement ma vue déjà mal acclimatée à la pénombre de l'endroit.

En vérité, je me sentais totalement perdu et seul. Je voulais rentrer chez moi, quitter cet établissement où seuls mes parents avaient véritablement voulus que je passe la porte. J'en avais déjà marre, c'était trop dur, j'avais tellement peur... et pourtant, je souhaitais me sortir de toutes les moqueries que j'avais reçues, de tout le mal qu'on m'avait fait, afin de prouver à tout le monde ce dont j'étais capable.

Mon hypersensibilité me rappela à l'ordre et je m'arrêtai sur la première marche de l'escalier. Je m'assis et me collai contre le mur, ramenant mes jambes contre mon torse. Je reniflai doucement et frottai mes yeux qui pleuraient de grosses larmes salées. Mon coeur me faisait atrocement souffrir, je ne parvenais plus à rien faire.

Je ne sus combien de temps je demeurai ainsi, balançant entre deux sentiments à l'opposé exact l'un de l'autre, mais ce fut un léger bruit qui me tira de mes douloureux songes dont j'aimais grandement me passer.

Je relevai le visage, reniflant une énième fois et, malgré l'obscurité régnante, j'aperçus une forme se dessiner à quelques mètres seulement du lieu où je me tenais. Je ne connaissais pas cette personne, je ne l'avais encore jamais vu dans l'établissement ; qui était-elle ? Faisait-elle partie du corps médical ? Allait-elle me faire du mal ? Ou bien me reconduire dans ma chambre ? Mes mains se mirent à trembler doucement.

La visite médicale est finie. Je peux enfin me préoccuper de mes occupations habituels. Qu'est-ce que c'est ennuyant de rester enfermer la journée. Pour une fois, je veux sortir. Je veux profiter de l'air frais de la soirée. Rester cloîtrée dans un tel endroit me donne la nausée. Je sais que je vais me faire hurler par mon médecin, parce que je n'ai pas le droit de sortir dehors la nuit à cause de ma maladie et ma santé très fragile. Apparemment, si je vais devoir je risque d'attraper mal. Je veux profiter du frais, je ne supporte pas rester dedans. Je veux sortir, je veux sortir. Allez j'y vais, je m'en fiche.. Il n'est toujours pas de retour de son séjour, donc libre à moi de faire ce que beau me semble.

Je ne vais pas aller bien loin en nuisette à cet heure là, mais juste me baigner les pieds dans l'eau froide de la mer me ferait un plus grand bien. Je marche doucement sur le sol glacial de l'école, en me faisant toute petite. J'aime bien désobéir, ça me donne encore plus d'émotion que celle que je connais déjà comme le stresse, l'angoisse, la peur, l'excitation.. Je ne sais pas si cela le fait à tout le monde, mais j'adore. J'aime ressentir ça, ça me montre que je suis encore plus vivante et que je suis quelque soit peu normale. Même si j'ai entendu ma mère et le médecin dire qu'ils me restait qu'un an à vivre. Je veux juste profiter de ma vie, sans regretter.. Je sais que ma mère porte beaucoup d'espoir à ces hommes qui leurs promettent un traitement à ma maladie, mais le jour ou ils auront trouvé le traitement je serais déjà morte. Je ne me fais pas de faux espoir, y a beaucoup de médecins, et beaucoup de malades, alors les chances qu'ils trouvent tous les traitements efficaces est vraiment minimes.

Loin de là de vous faire croire que je suis pessimiste, mais je suis juste réaliste. Cela prend du temps, et moi je n'en ai pas beaucoup.. Alors le temps qu'ils trouvent, je ne serais plus de ce monde. C'est pourquoi personne ne m'empêchera d'aller dehors, sauf qu'un bruit attire toute mon attention. On dirait que quelqu'un pleure ? Est-ce qu'il y a un décès déjà dans l'école ? Ou juste parce qu'il souffre ? Je devrais peut-être aller voir, je n'aime pas voir les gens se sentirent mal. Je change de directive et marche doucement vers le bruit avant de voir un jeune homme sur la première marche des escaliers en train de pleurer, enfin c'est ce que je crois. Il doit être sûrement nouveau, car étant une vieille élève.. enfin je ne suis pas vieille, mais je suis depuis longtemps dans l'école et je sais reconnaître certains de mes camarades de l'école.

Je me demande ce qu'il a. Peut-être que le départ de chez lui, lui fait mal au cœur et qu'il aimerait retourner chez lui. Ou il s'est perdu dans l'école et ne sait plus comment faire pour retourner à sa chambre. Ah je n'aime pas trop me poser de questions sans avoir de réponses, faudrait mieux que j'aille voir sur place pour voir ce qui se passe. Donc je finis de marcher vers lui, avant de m'abaisser et de tourner la tête sur le côté. Puis je lui murmure ces quelques mots pour que personne nous entendent :

Hana Miura ▬ « Pourquoi tu pleures ? Tu as mal quelque part ? »

La personne s'avança vers moi, je ne bougeai toujours pas et, lorsqu'elle fut à ma hauteur, je vis qu'il s'agissait d'une jeune femme sûrement une patiente, car elle ne me paraissait pas assez âgée pour faire partie des médecins.

A ses questions je sursautai légèrement, malgré le fait qu'elle les avait posées d'une voix douce et basse. Je baissai un peu la tête, triturant mes doigts, un peu gêné de cette situation.

« Je veux rentrer chez moi... » lui répondis-je simplement, sentant mes joues rougir.

Parce que même si au lycée les autres se moquaient de moi, c'était une sorte d'habitude et je n'aimais pas changer cela. Je voulais rentrer à la maison, partir m'enfermer dans ma chambre et pleurer parce que mes camarades de classe rigolaient de moi, de ma maladie ; parce que ça me rassurait de faire ça. J'avais pas besoin de pleurer juste par envie de retourner vivre avec mes parents.

D'un revers de la manche de mon pull, j'essuyai mes yeux encore remplis de larmes et je me relevai doucement, descendant une marche en me rattrapant de justesse à la rambarde. Mes jambes tremblaient atrocement, elles s'entrechoquaient et je n'arrivais pas à faire un pas supplémentaire. Je regardai devant moi, soulagé de ne pas être tombé dans l'immense escalier ; je me serais fracassé à l'arrivée, c'était certain.

Les médecins me disaient tout le temps de faire attention pour tous mes déplacements, j'en avais assez d'être aussi fragile, j'aimerais tellement jouer au football avec les autres personnes de mon âge sans avoir à me soucier de ma santé précaire ! Je voulais plus que quelque chose se brise en moi, fallait-il que j'y mette de la colle très forte pour que ça reste en place ?

Je ne retins pas un petit soupir avant de me retourner pour voir où se trouver mon interlocutrice. J'esquissai un faible sourire.

« Est-ce que tu peux me dire où sont les toilettes ? J'ai mal au ventre... »

Et si ce n'était que là, ça ne serait pas bien grave, ni même important, mais bon, dans l'immédiat je devais le soigner lui, le reste attendrait encore un peu. De toute façon, je ne pouvais faire que ça, attendre. Croire que tout serait guéri grâce aux conseils des médecins et à ce qu'ils me faisaient faire...

J'ignorais si c'était idiot ou non de penser qu'ils avaient raison, mais j'espérais au fond de moi qu'ils n'avaient pas tort, qu'ils ne se trompaient pas et ne me mentaient pas. J'enviais tellement les personnes dîtes normales ! L'état dans lequel je me trouvais me faisait beaucoup de mal et j'avais déjà eu envie de tout stopper, d'arrêter mon petit combat.

Mais je ne devais pas, car j'étais étrangement heureux de vivre ! Heureux de pouvoir voir tout ce que je voyais, heureux de pouvoir ressentir et sentir toutes les émotions, même si elles étaient décuplées par dix dans mon cas. Et je souriais, c'était important.

« Je m'appelle Hyun Ki, appris-je à la jeune femme en face de moi, ça fait à peine une semaine que je suis ici alors... c'est pas facile pour moi, mais je veux faire de mon mieux pour être bien, car je veux vraiment guérir ! »

Si je me mettais à parler autant, c'était que ça allait déjà un peu mieux, même si j'étais légèrement tordu par mon ventre. Je lui souris de nouveau, attendant patiemment d'avoir les indications pour trouver les toilettes dans cet immense établissement. De jour, je les avais repéré sans problème, mais de nuit, c'était plus compliqué.

Hyun Ki ▬ « Je veux rentrer chez moi... » marmonne le petit nouveau.

Je sais que ça doit être dur d'être nouveau ici, et ne connaître personne. Cependant il faut se battre pour se faire une place dans ce monde. Je ne sais pas ce qu'il emmène dans cette école, mais il ne doit pas baisser les bras. Deux groupes assez distinctifs te permet de savoir dans quel clan tu es : les mourants, les survivants. Moi honnêtement, j'ai toujours su que je faisais parti des mourants. Ma maladie me condamne à un ans de vie, donc je ne peux pas dire que je survivrais.. bien sûr cela ne m'empêche pas de me battre, mais je me fais pas trop d'idée sur ma survie, car quoiqu'il arrive je mourrais.

Hana Miura ▬ « Je comprends, mais soit courageux.. Dis-toi que tu es en vacances, avec la mer ! » essayais-je de le convaincre de rester dans l'école.

Je préfère déjà ça toutes ses larmes vont finir par me faire pleurer aussi. Je vais l'aider à marcher, car je vois qu'il a beaucoup du mal à rester debout. Je pose donc son second bras sur mon épaule pour lui faire comprendre qu'il peut s'appuyer sur moi que cela ne me fera rien. Je me demande tout de même ou est-ce qu'il compte aller. Au toilette peut-être ? Vu qu'il se tord dans tous les sens, je dirais qu'il a mal au ventre.

Hyun Ki ▬ « Est-ce que tu peux me dire où sont les toilettes ? J'ai mal au ventre... » demande-t-il en souriant toujours.

Il a bien besoin d'aller au toilette. Bon dans ce cas, vu qu'il se tient toujours à mon épaule pour marcher, je vais le guider doucement. J'espère que personne ne traînera dans les couloirs pendant ce temps, sinon je suis morte. A cette heure là, je dois être dans la salle d'examen avec mon médecin remplaçant.. mais ce n'est pas parce que je vais rater une fois l'examen de bilan que je vais mourir.. donc je vais d'abord finir de l'accompagner, après j'irais à la mer pour me baigner les pieds.

Hana Miura ▬ « C'est ici, si tu as besoin d'aide pour marcher.. Tu m'appelles ! » dis-je en l'attendant devant l'entrée des toilettes pour homme.

Pourquoi il n'y va pas ? Il a quelque chose à me dire. Qu'il ne s'inquiète pas, je ne suis pas une voyante.. je ne vais pas entrer dans les toilettes des garçons sans avoir une bonne raison. Il se présente, c'est gentil à lui. C'est bien de s'accrocher à la vie, j'espère qu'il pourra sortir avant moi de cette école comme ça ça fera aux moins une personne heureuse. Il y a déjà beaucoup de monde, mais bon.. beaucoup s'en plaint alors qu'il devrait voir la chose possitif, une chance d'être comme les autres et vivre une vie ordinaire sans maladie ou handicap, c'est le rêve...

Hyun Ki ▬ « Je m'appelle Hyun Ki, ça fait à peine une semaine que je suis ici alors... c'est pas facile pour moi, mais je veux faire de mon mieux pour être bien, car je veux vraiment guérir ! » se présente-t-il devant moi.
Hana Miura ▬ « Enchanté Hyun Ki, moi c'est Hana ! Je comprends, ce que c'est.. j'étais comme toi à mon arrivée ici, mais je m'y suis habituée ! J'espère que tu auras la chance de partir de l'école.. aux moins l'un d'entre nous, pourra retrouver une vie normale ! » répliquais-je à ce qu'il venait de dire en souriant.

Hana... C'était vraiment un très joli prénom, ça sonnait un peu princesse à mon goût et je trouvais qu'elle le portait à merveille ! Mais sa dernière phrase me rendit un peu sceptique. Je penchai un peu ma tête sur le côté et la regardai, les yeux interrogateurs.

« Oh bah, pourquoi tu dis ça ? lui demandai-je un peu inquiet, tu ne sortiras pas d'ici toi ? »

J'aurais voulu rajouter d'autres phrases par derrière, mais un haut-le-coeur vint me tirer de mes pensées. Je fis un signe de la main à Hana, par lequel elle devait réussir à comprendre "ça va pas bien là, je reviens vite !" et je me ruai dans les toilettes.

Agenouillé devant le WC, je vomis tout mon repas du dîner. J'avais à la fois chaud et froid, mes mains tremblaient et de la sueur glissait doucement le long de mon front. Je ne savais pas vraiment ce qui se passait, mais je me doutais que c'était à cause de mon hypersensibilité que ça prenait de telles ampleurs.

J'attendis quelques minutes que ça aille un peu mieux et je finis par me relever, m'agrippant partout où je le pouvais pour me traîner jusqu'aux lavabos. Mes jambes étaient toutes molles, on aurait dit du coton... ou du chamallow ! Je souris à cette dernière pensée, car j'adorais ça, les chamallows, c'était tout mou et rigolo à manger et au final, ma comparaison n'était pas mauvaise parce que mes jambes j'avais bien l'impression de ne pas avoir d'os.

J'ouvris le robinet et me passai de l'eau sur le visage, faisant attention de ne pas mouiller ma frange parce qu'après quand ça sèche ça fait tout gonflé ! Je bus un peu et décidai de retourner voir ma nouvelle interlocutrice qui devait probablement se demander ce que je faisais si longtemps.

Malgré un léger vertige, j'arrivai entier à l'extérieur et j'aperçus Hana à quelques mètres de là. Je partis la rejoindre en souriant joyeusement.

« Je crois que ça va mieux maintenant ! lui appris-je, merci pour m'avoir conduit jusqu'aux toilettes ! Mais je veux pas retourner dormir là... fis-je en baissant un peu le visage, tu allais faire quoi toi dehors ? Tu vas te promener ? Oh, dis, je peux venir avec toi ! S'il te plaît ? »

Je tiraillai gentiment sur la manche de son pyjama, faisant des yeux presque suppliants pour qu'elle accepte de m'emmener avec elle. Franchement, retourner dans mon lit pour me tourner et me retourner sans trouver le sommeil, je n'en avais vraiment pas envie ! Et puis maintenant que j'avais trouvé une personne gentille avec qui discuter, je n'allais pas me priver.

Ca me faisait du bien de voir que malgré mon problème d'os de verre, Hana s'en fichait complètement et n'avait eu aucun mal à venir s'approcher de moi pour m'aider. Ca me faisait réellement plaisir et, mis à part mes parents ou les médecins, elle était l'une des premières personnes à s'avancer ainsi sans crainte vers moi.

J'aurais dû peut-être me taire sur ce sujet là. Je peux lire sur son visage de l'inquiétude. Je ne sais pas comment réagir à présent. Je ne vais pas lui dire comme ça que je vais bientôt mourir. Il va se mettre à pleurer, si je lui dis.. Cependant je n'aime pas mentir aux gens, donc disons simplement que ma maladie m'empêche de sortir en journée et que je suis obligé de rester ici le temps qu'un traitement soit efficace et qu'il puisse me faire sortir en plein jour. Cela est déjà moins brutale comme nouvelle que ma mort. J'espère qu'il ne va pas être triste pour moi, puis s'il sort je serais heureuse pour lui, c'est déjà ça. Donc aucune inquiétude pour moi, c'est comme une deuxième maison qui plus est, je m'y plais et y a mon meilleur ami qui est venu du Japon pour moi, donc je ne manque de rien, je suis heureuse :

Hyun Ki ▬ « Oh bah, pourquoi tu dis ça ? Tu ne sortiras pas d'ici toi ? » questionne-t-il d'un air inquiet.
Hana Miura ▬ « J'ai une maladie qui m'empêche de sortir en plein jour, donc pour ma sécurité je dois rester ici jusqu'à ce qu'il trouve un traitement.. » répondis-je du mieux possible.

C'est la vie, je suis emprisonnée dans cet hôpital. Des entrées, des sorties, et moi là dedans qui attend mon tour. Ce qui arrivera jamais, car je suis destinée à rester ici à attendre ma mort. Il y a une chance sur mille qui trouve mon traitement, alors autant faire court.. Je n'aurais jamais de traitement. Surtout que les médecins partent et reviennent et je n'ai pas de médecin attitré. Bref à trop pensée, me voilà seul à présent. La mine qu'il a eu avant de disparaître explique bien la situation. A présent, je vais attendre en faisant le gai. J'espère qu'il n'y aura personne sinon on est mort. Cela me rassure déjà, ça veut dire tout de même que les médecins, infirmières, et autres sont tous occupés avec un patient de nuit.. sous surveillance quoi. Ah tient un bruit ? Ça vient des toilettes, chasse d'eau. Ça du aller mieux alors. Le revoilà, ah c'est déjà ça, il a une tête plus saine que celle d'auparavant. Je suis rassurée.

Hyun Ki ▬ « Je crois que ça va mieux maintenant ! Merci pour m'avoir conduit jusqu'aux toilettes ! Mais je veux pas retourner dormir là... Tu allais faire quoi toi dehors ? Tu vas te promener ? Oh, dis, je peux venir avec toi ! S'il te plaît ? » supplie-t-il en me tirant par la manche de chemise de nuit.

Je vois ça, heureusement. Je souris en guise de réponse à son remerciement. Toi aussi, tu ne veux pas aller te coucher, quoi que moi je viens de me lever. Je dors le jour et vit la nuit, un peu les vampires.. sauf que moi je suis malade et non immortel. Qu'est-ce que j'allais faire dehors ? Oui comme tu dis me promener au bord de l'eau, ca fait toujours du bien de tremper ses pieds sur une surface humide et mouillée. Il y a pas de problème, mais on doit faire vite avant qu'on se fait remarqué dans les couloirs. Je paris qu'on va se faire tuer, ils vont te dire d'aller dormir et moi d'aller rendre visite au médecin ou de rester à l'intérieur de l'école. Roow ça craint, je veux profiter du temps frais de la nuit. Alors il n'y a pas une minute à perdre :

Hana Miura ▬ « De rien ! Oui je comptais prendre l'air ! D'accord, mais ne tardons pas, sinon on va nous renvoyer dans nos chambres ! » répondis-je en marchant discrètement vers les escaliers pour redescendre et s'enfuir.

Je me hâte d'aller vers les escaliers avec lui pour pouvoir fuir ce bâtiment et profiter de ma liberté tant que j'en ai encore la force. Stop, y a quelqu'un.. un pion, mais il doit avoir une seconde fonction.. je dirais avec sa tenue, et son air assez froid que c'est un professeur.. Pitiez non pas eux, ils sont très bon pour faire la morale. On va les duper dans ce cas, y a pas d'autre moyen. Je lance un cailloux pour faire diversion ce qui prend pour un élève essayant de fuguer et me cache avec toi derrière lui, puis nous dirige vers l'extérieur. Nous voilà enfin libre.. Enfin !

Hana Miura ▬ « On a réussi ! » affirmais-je en m’asseyant sur le sol, le temps de me reposer un peu.

Lorsqu'elle accepta que je vienne me promener à l'extérieur avec elle, un immense sourire étira mes lèvres. Ça me faisait réellement plaisir, parce qu'après ce terrible mal de ventre qui m'était arrivé, j'avais bien besoin de respirer l'air frais de dehors. Et puis je n'avais pas envie de partir me recoucher ; de toute façon, je savais que je ne parviendrais pas à retrouver le sommeil alors quitte à être réveillé, autant faire des choses amusantes !

Hana descendit les escaliers rapidement, me distançant de quelques mètres, car je prenais bien attention à chacune des marches. J'avais toujours détesté ça, les escaliers, il n'y avait rien de plus dangereux à mes yeux parce que je pouvais facilement tomber et me faire extrêmement mal. Ça m'était arrivé une fois, à la maison.

Maman m'avait installé dans la chambre à l'étage parce que mon père repeignait ma chambre du bas, mais j'avais eu envie d'aller aux toilettes pendant la nuit et j'avais raté une marche, une seule, à cause du noir et on m'avait immédiatement emmené à l'hôpital passer des tas et des tas de radio sur tout mon corps pour s'apercevoir que je m'étais brisé deux côtes et cassé la cheville droite. J'avais du porter des bandages et c'était difficile pour marcher, mais surtout pour respirer... alors maintenant, j'étais très prudent dans les escaliers.

Une fois mes deux pieds posés au sol, je courus doucement afin de rejoindre ma nouvelle amie. Je la rejoignis et elle me fit signe de ne plus bouger ; il y avait quelqu'un qui approchait dans notre direction ! Mais heureusement, Hana trouva un moyen de faire diversion et la personne s'en alla dans la direction opposée à la nôtre. J'en fus soulagé et ne pus retenir un léger soupir.

Nous atteignîmes ensuite la sortie et là, toute la pression retomba. Je ris légèrement et m'exclamai :

« Olala, quelle aventure ! Tu imagines si on s'était fait attraper ? On se serait vite fait renvoyer dans nos chambres... tu as eu une bonne idée en envoyant ce caillou ! Il nous a pas repéré comme ça ! Fffiouu, ajoutai-je, et puis être dehors ça fait vraiment du bien ! Oh, regarde là-bas on voit la mer, c'est là qu'on va ? Depuis que je suis arrivé ici, j'y ai pas vraiment été... l'eau a l'air toute transparente et bleue ciel, comme dans les films ! »

Les yeux complètement émerveillés, je demeurai un instant à fixer cette magnifique mer bleue qui s'étendait à perte de vue, ça me faisait tout de même rêver. C'était vraiment un décor paradisiaque, exactement comme ceux que j'avais pu voir dans des films... sauf que là c'était pour de vrai et que c'était moi le personnage principal ! Mais j'étais pas tout à fait là pour le plaisir, alors je trouvais que ça cassait un peu le charme.

Mais ce qui était quand même bien ici comparé à la Corée, c'était qu'il faisait chaud ! Même la nuit ! On était pieds nus et seulement avec un pyjama, mais on avait pas froid ; et puis c'était aussi quand même plus beau que les bâtiments et les maisons de la ville... même si ces derniers me manquaient encore atrocement.

Je respirai une très grande et très longue bouffée d'oxygène, ce qui me vivifia totalement ! Je tendis ensuite la main à Hana pour l'aider à se relever et je lui demandai de nouveau :

« On va vraiment à la mer ? Tu crois que je pourrais tremper ma main dans l'eau ? Elle est encore chaude l'eau à cette heure-là ? Oh c'est vraiment joli... On y va, on y va ? repris-je complètement sur-excité et en la suppliant presque, mais si tu veux pas c'est pas grave hein ! Je veux pas t'embêter encore parce que déjà tu as été gentille en me montrant où étaient les toilettes et ça tu vois, c'est la première fois qu'on est aussi gentil avec moi... alors si je t'embête tu me le dis et puis je repars ! »

Evidemment, ce que je disais là était sincère ; si elle me demandait de repartir, je le ferais, mais j'espérais qu'elle soit encore une fois d'accord pour m'emmener avec elle ! Je me sentais bien à ses côtés, car c'était comme si elle me rassurait un peu. Je voyais qu'elle connaissait tout ça depuis longtemps et ça me réconfortait.

Hyun Ki ▬ « Olala, quelle aventure ! Tu imagines si on s'était fait attraper ? On se serait vite fait renvoyer dans nos chambres... tu as eu une bonne idée en envoyant ce caillou ! Il nous a pas repéré comme ça ! Fffiouu, et puis être dehors ça fait vraiment du bien ! Oh, regarde là-bas on voit la mer, c'est là qu'on va ? Depuis que je suis arrivé ici, j'y ai pas vraiment été... l'eau a l'air toute transparente et bleue ciel, comme dans les films ! » questionne-t-il sans même faire une seule pause.

Je l'ai déjà vécu, donc je sais ce que c'est de se faire renvoyer dans sa chambre comme un infirme qui est emprisonné dans un hôpital. C'est lamentable, c'est pour ça que je prends le temps de m'enfuir le plus possible de cet endroit. Moins j'en vois, mieux c'est.. certains bruits sont effrayants, ceux des malades qui souffrent ou qui pleurent apprenant leurs décès.. J'en ai même fais des cauchemars à mes seize-ans donc j'ai décidé de ne plus revenir le soir en pleine nuit pour m'évader et profiter de la mer. Je n'ai qu'un ans à vivre, alors autant en profiter non ? N'empêche que depuis un moment, il ne cesse de parler, on dirait une pipelette. Il va me donner le tournis à force de parler.. surtout que je ne peux pas répondre forcément à tout ce qui me dit, vu que sinon je parlerai trop vite et que je ne serai ce qu'il dit. Épouvantable. Je ne sais pas comment il fait pour parler autant sans prendre de pause, il doit y être habitué, mais ça fait peur. Surtout pour quelqu'un comme moi qui ne parle peu et surtout pas pour ne rien dire.. depuis toujours je suis resté le fantôme fugitif de l'école.. à m'échapper sans arrêt. Alors on va prendre le temps d'y aller mollo et sans aller vite surtout.


Hana Miura ▬ « On m'a déjà attrapé une fois.. J'ai du improviser une excuse pour ma sortie à l'extérieur de l'école ! Oui ça fait une semaine que je ne suis pas sortis de ma chambre à cause de ma santé fragile.. C'est là que je compte aller oui, c'est mon endroit préféré ! » répondis-je doucement à tout ce qu'il vient de me dire.

Une main m'a été tendu par la suite pour reprendre la route pour marcher au bord de la mer. Oui ma promenade au bord de l'eau fraîche et vivifiante de la mer. Quel beauté, j'ai toujours aimé venir ici, mais certainement pas pour les même raisons qu'auparavant. Cependant après que je me sois levée, les questions s’enchaînent de nouveau. Comme dirait mon père « un vrai moulin à parole celui-là » mais je suis content de voir que malgré sa maladie il n'a pas cessé de vivre comme moi. Je ne dis pas que je suis morte de vie, mais que je me suis dit que je dois accepté mon futur : la mort et que pour ça je dois rester le plus simple possible et ne pas être une enfant sur-excitée pour ensuite avoir les larmes aux yeux quelques heures ou jours avant ma mort. Ça serait tout de même idiot de ma part, je pense alors que j'aurais su déjà la date de ma mort. Bref...

Hyun Ki ▬ « On va vraiment à la mer ? Tu crois que je pourrais tremper ma main dans l'eau ? Elle est encore chaude l'eau à cette heure-là ? Oh c'est vraiment joli... On y va, on y va ? Mais si tu veux pas c'est pas grave hein ! Je veux pas t'embêter encore parce que déjà tu as été gentille en me montrant où étaient les toilettes et ça tu vois, c'est la première fois qu'on est aussi gentil avec moi... alors si je t'embête tu me le dis et puis je repars ! » reprend-t-il avec ses questions sans me laisser un temps de répits.

Pourquoi il ne pourrait pas tremper sa main dans l'eau, ce n'est pas sa maladie qui va l'empêcher de vivre. Par exemple, moi j'ai ma santé très fragile qui fait qu'au moindre changement climatique, épidémie, … j'attrape tout et n'importe quoi et pourtant ce n'est pas ce qui m'a empêché de ne pas tremper mes pieds dans l'eau et de sortir la nuit, puis en fin de journée, il fait moins chaud que d'habitude donc ça fait du bien. Par contre je me demande quel âge il a pour être aussi sur-excité comme un enfant de dix ans qui va dans un parc d'attraction ou quand il ouvre les cadeaux de noël, j'avoue que c'est très drôle. J'en ai même le sourire au lèvres, tellement c'est attendrissant. Cependant je me demande pourquoi les autres n'ont pas été aussi gentil avec lui ? A cause de sa maladie ? Pourtant ce n'est qu'une maladie peut-être plus grave qu'une gastro ou une simple grippe mais c'est presque la même chose.. seulement on est plus atteint.. Je ne comprends pas, moi même qui suis très fragile et que je vais mourir à l'âge de 25 ans, personne ne me repousse, ils sont même à me sur-chouchoutée. C'est horrible, car on dirait que c'est la fin du monde pour eux alors que je vais très bien pour l'instant..

Hana Miura ▬ « Oui, on y va ! Un peu de patience maure bleu ! Tu peux faire tout ce que tu veux, ce n'est pas ta maladie qui va t'empêcher de faire ce que tu as envie ! Cependant je ne comprends pas ce que tu veux dire par là.. Pourquoi les autres te traitent-ils différemment ? Je vois vraiment pas ! »
répliquais-je en ne comprenant pas les autres personnes soit disant "normale".

J'étais totalement surexcité et très heureux alors que pourtant Hana avait simplement accepté que je me promène avec elle. Ca me faisait plaisir, vraiment beaucoup plaisir, mais j'aurais pas su bien l'expliquer ! Dans mon ventre ça bougeait dans tous les sens, mais c'était pas comme tout à l'heure, non, cette fois-ci je n'avais pas mal ; on aurait que j'avais comme des petites bêtes sous la peau et qu'elles remuaient sous mon ventre.

J'eus un très large sourire et sautillai presque sur place tellement j'étais impatient d'aller au bord de l'eau. Oh, j'y étais déjà allé plusieurs fois avec mes parents quand j'étais en Corée... mais ici, c'était pas pareil, la mer était beaucoup plus belle et je me demandais comment ça faisait de s'y tremper la main ou le pied dedans !

Finalement, j'arrêtai de bouger dans tous les sens, faisant de mon mieux pour me calmer un peu et je répondis à la question qui venait de m'être posée, esquissant une légère moue embarrassée.

« C'est parce que je peux pas jouer avec les autres... J'ai jamais pu en fait... Mes os ils se cassent trop vite et pour un rien ! expliquai-je, alors les autres ils ont peur et ils m'ont déjà traité de monstre... Mais j'en suis pas un, pas vrai ? demandai-je en relevant le visage vers Hana, je voudrais bien moi jouer au foot par exemple ! Mais quand je cours, j'ai mal partout et si on me fonce dedans je risque de me casser quelque chose et j'ai pas envie que ça m'arrive parce que ça me fait vraiment mal... et puis après je suis obligé de rester chez moi le temps que ça cicatrise et ça me rend triste ! soupirai-je doucement, et puis tu sais, au collège et aussi au lycée les autres personnes de ma classe ils m'ont beaucoup embêté à cause de ça et ils rigolaient parce que ça me faisait pleurer ! C'est pour ça que j'ai bien voulu venir ici... même si mon chez moi ça me manque. Je veux guérir et leur montrer qu'on doit pas se moquer de moi ! Et puis aussi ils rigolaient parce qu'ils disaient que je ressemble à une fille... mais c'est pas vrai ça, hein ? » terminai-je en souriant.

Un petit coup de vent vint me mettre ma frange dans les yeux, je clignai plusieurs fois rapidement des paupières pour sortir mes cheveux de là et je les remis bien. Je me tournai finalement vers la mer toute proche désormais. Peut-être que j'avais bien fait de venir dans cet établissement en fin de compte... Je me sentais quand même bien dans ce beau paysage, ça me plaisait bien, même si dans mon coeur ça me faisait encore mal d'avoir dû tout abandonner. Mais après tout, Seconde Chance portait bien son nom.

Je posai un pied sur le sable, m'y enfonçant légèrement, ce qui eut pour effet de me faire un peu rire. Je continuai d'avancer, jusqu'à presque avoir les pieds dans l'eau. Je regardai partout, c'était vraiment beau et il y avait quelque chose d'apaisant dans ce paysage, je comprenais pourquoi Hana aimait bien sortir de l'établissement !

Tout à coup, avec la lumière de la lune, je vis un objet briller pas très loin de moi. Je m'en approchai, m'agenouillai et je fis un signe à Hana pour qu'elle vienne voir ce que c'était.

« Tu crois que c'est un coquillage ? l'interrogeai-je une fois qu'elle fût à ma hauteur, c'est joli... tu crois qu'y en a d'autres sur la plage ? J'en ai encore jamais ramassé même si je suis déjà allé sur la plage ! J'ai le droit de faire la collection ? Oh ça me plaît beaucoup, ajoutai-je en déterrant le coquillage, attends il est tout sale, je vais aller le laver dans l'eau ! »

Je me redressai rapidement (un peu trop rapidement d'ailleurs) et voulus me diriger vers l'océan... sauf qu'au bout de trois pas seulement, je sentis mes jambes se dérober et je tombai sur les genoux. Je poussai un petit cri de surprise et j'eus du mal à m'asseoir en suite pour regarder les dégâts... Ouf, plus de peur que de mal en fin de compte ! J'arrivai à bouger mes deux jambes doucement et mes pieds aussi !

« Ca va... dis-je, j'aurais pas dû me lever aussi vite ! Ca me fait mal quand même... mais je crois qu'y a rien de casser... Dis Hana... tu veux bien le tremper dans l'eau pour moi s'il te plaît ? »

J'esquissai un petit sourire, déçu de ne pas pouvoir le faire moi-même, mais aussi embêté de devoir encore demander quelque chose à Hana.