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Il fait chaud ; encore. Existe-t-il un seul jour sur cette ile où la température baisse ? Je finis par en douter. Il est encore tôt et mon débardeur me colle à la peau comme les ventouses d'une pieuvre ; heureusement que j'ai allégé mes tenues depuis mon arrivée. Il faut dire que le moindre pull ou pantalon devient un supplice dans la région.
Machinalement je pousse mon fauteuil vers l'aile médicale afin d'y retrouver le kyné pour une énième séance. Les abords sont calmes, c'est bien plaisant et je profite de l'ombre offerte un moment puisqu'il n'est pas tout à fait l'heure. Les visages ont finit par devenir familiers, ceux des pensionnaires au moins … les habitants me laissent encore bien pensives, je n'ose jamais aller vers eux de peur de leur paraitre trop … coincée ou trop raffinée. C'est bête à dire mais on oubli pas d'où on vient et je n'imagine pas me débarrasser un jour de mes manières, j'ai été élevée comme ça.

Quoi que, je ne désespère pas de mieux faire ! Ce matin sur le chemin une fillette de l'ile m'a donné une grosse fleur rouge et l'a glissée dans une tresse de mes cheveux. C'était si gentil, simple mais réellement touchant. Nous avons pu échanger quelques mots, oui, c'était bien.

Il est l'heure cette fois. Je soupire, laisse mon regard dériver sur la mer au loin. J'aimerai nager, me promener, voir des choses mais je suis là cloitrée dans ma « cage » à longueur de temps et avec trop peu d'espoir d'en sortir. Je repense à ce paquet que mes parents ont envoyés pensant bien faire, mes chaussons de danse au satin élimé ; un encouragement disaient-ils … mais qui me renvoi un peu plus à mon rêve désormais trop lointain.

Je secoue la tête, chasse cet élan pessimiste et m'engage dans les couloirs. Quelques signes de têtes, des bonjours à l'un et l'autre, une routine qu'on connait bien nous les patients de Second Chance.
J'arrive en salle de rééducation, cherche mon kyné sans succès. Il est à l'heure d'ordinaire …
Je fais la moue, fronce les sourcils avec perplexité ; on l'aura peut-être retenu en route. Tant pis, je reste patiente par nature. Un oeil sur les appareil, sur les barres où je devrai prendre appuis pour me lever, me hisser sur ces jambes en sommeil dans l'idée de les secouer. J'avance mon fauteuil, me dis que je pourrai bien tenter quelques « pas » en attendant … ça ne coute rien après tout.

Déterminée, je referme les doigts sur les barres, pousse sur mes bras et sort de cette chaise oppressante. Assise à genoux sur le tapis et me soutenant comme je peux, je souffle pour récupérer de ce qui pour moi est un effort considérable. Allez ! Bouge Kirsti, pense aux chaussons, à la danse, la liberté !

Cependant je présume des moyens qui sont les miens, je n'ai aucune force sur mes membres inférieurs et mes pauvres bras, même un peu plus développés qu'auparavant ne suffisent pas à me mettre debout. J'aurai essayé, c'est décevant mais je ne suis pas stupide au point d'ignorer que tout ceci prend du temps. Je m'assois à nouveau, tendant mes jambes manuellement et les massant par réflexe. Je suis incapable de me remettre dans mon fauteuil seule, je préfère donc attendre sagement.

Il arrivera bientôt ; j'espère qu'il ne m'en voudra pas et qu'il ne criera pas. Il est si imposant que tant qu'à faire, j'aimerai ne pas l'énerver. C'est un peu bête mais je nous sens comme la belle et la bête, avec un personnage bourru à cerner. Au pire, je m'excuserai ! Même si je ne me sens pas tant coupable d'avoir essayé de me lever ; il comprendra au moins ça ; j'espère.

▀ Allez, allez, pousse sur tes bras, tu sais bien que tu peux faire mieux que ca !

C'est ce qu'il 'exclame à l'un de ses patients, complètement haletant de l'effort qu'il est en train de fournir. Il le suis de manière journalière et il a la manie de toujours tenter de le pousser au bout de ce qu'il est censé donner. Je les pousse tous à bout, mais pour leur bien, évidemment, sinon il serait un bien piètre kinésithérapeute. Son heure de rééducation touchait presque à sa fin, c'est le moment critique où il se doit de se surpasser.

▀ C'est bientôt fini, allez, allez, bouge moi ces jambes !!! T'es mou aujourd'hui !!!

Le patient ne prend nullement la mouche, il connait son médecin et il sait que ces termes sont dans ses habitudes, et d'ailleurs sans ses paroles, il serait bien moins en progrès qu'il en l'est aujourd'hui. Il donne tout jusqu'à s'écrouler de lui même sur le tapis de sol, récupéré au vol par les bras protecteur de Noma.

▀ C'est rien, je suis là. Tu as bien travaillé, je vais pouvoir t'autoriser à te reposer.

Le médecin gloussa, heureusement pour son patient qu'il lui laissait l'opportunité de se remettre de ses efforts, il fallait parfois bien comprendre l'humour de l'hawaïen. Vu que la porte est ouverte, Noma croisa rapidement le regard d'un de ses collègues, il l'interpelle, lui signalant de l'attendre quelques instants tout en re-déposant son patient au sein de sa chaise. Le prochain patient ne doit arriver que dans quinze minutes, il peut donc se permettre de boire rapidement un café. Il félicite encore le jeune homme, et se dirige vers le couloir.

▀ Allez, on va se boire un café.

Noma lance une tape amicale dans le dos de son collègue, il ne lui laisse pas trop le choix et les deux compères sont en route pour la salle de repos. Là-bas, le dialogue s'engage, ca rie de bon coeur en racontant des anecdotes drôles sur d'autres collègues. L'ambiance est tellement plaisante, qu'il en oublie même le temps, pour le réaliser qu'au bout de vingt minutes. Il se lève soudainement, s'exclame qu'il est en retard et laisse son collègue seul dans la salle de repos pour se diriger vers sa salle de travail. Noma ralentit son allure quelque peu avant d'entrer, il a remarqué que quelqu'un est déjà dans la salle, ce qui est plutôt normal vu qu'il est en retard, mais profite pour jeter un regard curieux afin de voir ce que peuvent bien faire ses patients en son absence. Au centre des barres se tient sa patiente, et pas n'importe laquelle, il s'agit de Kirsti, cette "nouvelle" patiente venu du grand froid qui perturbait quelque peu notre roc d'hawaïen. Elle semblait s'être tenté à faire de l'exercice, mais tout ne s'est apparemment pas passer comme elle l'avait prévu, la demoiselle étant désespérément pas capable de re-bouger pour atteindre son fauteuil.

▀ Ben alors, on a voulait jouer à l'acrobate ?

Bien sur qu'il la taquine, il ne se permettrait jamais d'insulter l'un de ses patients. Noma s'approche d'elle, la saisie par les hanches pour la rehausser dans sa chaise.

▀ Évite de tenter de travailler toute seule maintenant, pour le moment surtout, c'est encore trop tôt et je m'en voudrais que tu te casses.






[HRP : Désolée, c'est très mauvais, j'ai tenté d'écrire d'une façon qui pourrait s'accorder avec la tienne, au présent, mais j'ai vraiment du mal, j'espère que tu m'en voudrais pas si la prochaine fois, j'écris à ma façon, au passé ?]

[ hrp : N'en t'en fais pas ! Écris à ta façon !
Généralement c'est moi qui m'adapte en fait XD je me calerai sur ton style ensuite pour qu'on reste en « harmonie » niveau texte ~ ]


Elle leva les yeux, aussi surprise que rassurée de le voir enfin apparaître dans la pièce. Au fond elle était plutôt rassurée de la pointe d'humour dans sa voix ; elle avait craint qu'il ne la gronde, la laisse se débrouiller mais non. Sentir l'homme la soulever pour la replacer correctement l'avait soulagé ; elle ne se voyait pas assise là indéfiniment.
Un merci simple mais poli franchit ses lèvres, c'était la moindre des choses. Et puis il n'avait pas tort c'était un peu tôt pour jouer les fortes, il fallait prendre son temps, simplement. Kirsti hocha la tête, frottant pensivement ses mains entre elles.

_ Vous avez raison. C'est juste que …

Devenait-elle bavarde ? Elle lui parlait si peu d'ordinaire. Peut-être avait-elle eut cette envie de justifier cet élan, ce besoin d'essayer même si le chances de réussir étaient minces. Elle se mordit la lèvre, ne sachant finalement pas trop quoi dire.

_ Ce n'est rien, oubliez.

Elle se força à sourire, voulant noyer le poisson et passer à autre chose. Seulement elle n'était plus très à l'aise et craignait qu'il la trouve désagréable. Mais ce qui est fait est fait ; elle se redressa alors, tentant de soutenir son regard pour une fois. Les yeux dans les yeux.
Etonnant comme on découvre une personne lorsqu'on prend le temps de la regarder. Jamais Kirsti n'avait seulement osé suivre la silhouette du médecin ne serait-ce que du coin de l'oeil. Il n'était pas désagréable à voir, avec son petit air de sauvage local … non vraiment. Mais ce n'était peut-être pas le moment pour ça et l'adolescente se détourna rapidement, comme prise en faute. Elle toussota, ne sachant plus quoi dire ce coup-ci.

_ Hum … bien … Par quoi commençons nous aujourd'hui ?

Pauvre tentative pour passer à autre chose encore ; ce n'était pas son jour. Kirsti se trouva bien stupide mais il fallait bien admettre qu'elle n'était pas experte lorsqu'il s'agissait de converser avec la gente masculine. Une chose à travailler ; cela lui servirait forcément dans la vie.

Puis cette chaleur ! La jeune fille avait l'impression que son cerveau s'évaporait. Elle s'essuya le front, soupirant contre les températures. Décidément, s'il y avait bien une chose à laquelle elle aurait du mal à s'adapter ce serait celle là ...